Né en 1961 à Sainte-Croix/VD, Philippe Jaccard offre à travers ses tableaux photographiques une vision personnelle et imagée des sommets qu’il a parcourus.

Ses parents, alpinistes aguerris, lui ont transmis leur passion pour la vie en extérieur, la nature et la montagne. Ces multiples expériences en altitude ont modelé son attrait pour la reproduction de ces ambiances éthérées faites de contrastes et de perspectives sans cesse renouvelées.

En voyageant, il confrontera cette vision de profondeur et de verticalité à des lignes plus horizontales et étendues. Aux paysages tant de fois montrés, il préfère le témoignage de l’intrication de l’humain dans son environnement.

À travers la rencontre avec ces univers très différents, Philippe Jaccard développe son besoin d’extraire ce qui se tapit dans les recoins oubliés pour les révéler dans des formes ou des positions peu communes.

Dans son travail actuel « Près de chez moi », Philippe Jaccard transgresse les dimensions en débusquant les lignes cachées dans des éléments végétaux, des troncs et des souches, pour les magnifier dans une ambiance alpine et sauvage.

Il met à contribution toute son imagerie « montagnarde » pour transformer les aiguilles, les débris et les mousses en cimes, éboulis et cols. L’objectif de l’appareil de photographie est utilisé tantôt pour rapprocher les détails et écraser les lignes, tantôt pour éloigner le sujet et recréer de la profondeur. En suivant les arêtes ou en glissant le long des faces, le regard se laisse apprivoiser et oublie peu à peu que ces montagnes sont de bois et que leur taille dépasse rarement le mètre.

Les dernières périodes de confinement où les espaces se sont réduits pour chacun ont encore renforcé cette quête de grandeur et de liberté à partir de ce qui peut se trouver à proximité immédiate. Toutes les souches présentées se situent dans les forêts du Jura vaudois ou de la Broye.

Atteint dans sa santé, ne pouvant plus aller en montagne, Philippe Jaccard s’échappe de cette contraction des distances en révélant des sommets tout proches pouvant être parcourus sans efforts démesurés, juste avec les yeux… ou la pointe d’un crayon.

Au travers de ces modifications d’échelle, Philippe Jaccard explore aussi sa perception un peu métaphysique de l’imbrication de formes ou de systèmes semblables dans des dimensions différentes.

Sentant le besoin d’ancrer encore plus le spectateur dans son univers, Philippe Jaccard associe ses œuvres photographiques à des récits réels ou imaginaires. Le texte éclairant l’image en même temps que le cliché illustre l’histoire.